mercredi 16 octobre 2013

Les québécois et la culture française

     Me revoici après une semaine (voir un peu plus) d'absence pour cause de "rien à dire" et cette fois-ci je vais partager avec vous quelque chose qui m'a légèrement choqué dernièrement. Je vais vous parler de la difficile confrontation entre les québécois et la culture française, et notamment la culture culinaire. Et croyez moi, il y a des choses à dire parce qu'on ne peut pas dire que, en matière de nourriture, le Québec soit la meilleur place pour entretenir sa culture gastronomique.

     Lorsque l'on pense à la cuisine française, bien souvent on pense au bon vin et aux multiples fromages que l'on trouve dans l'hexagone. Et bien au Québec, les deux types de produits que je viens de vous citer se trouvent être parmi les plus chers que l'on puisse trouver dans le commerce.
     Tout d'abords le vin. Le problème c'est qu'ici, et je vous en avais sans doute déjà parlé tantôt, tout ce qui est de l'alcool, hormis la bière, est géré par une société gouvernementale qui s'appelle la SAQ, pour Société des Alcools du Québec, et celle-ci détient, pour ainsi dire, le monopole de la boisson alcoolisée. Le problème qui accompagne souvent le concept de monopole, c'est que les produits sont vite cher et la SAQ ne fait pas figure d'exception quant à cette règle. Le vin est à un prix exorbitant à tel point que le fait de regarder l'étiquette vous dégoûte du reste de la bouteille. À titre d'exemple, il faut compter environ 10$ pour une piquette tout juste digne de finir dans une sauce.
     Bon évidemment on survit sans, mais il est également vrai, selon moi, que ça accélère pas mal l'adaptation des français à la culture québécoise. Autre point d'ailleurs qui incite à l'adaptation, c'est le prix des produits laitiers, car si en France "les produits laitiers sont nos amis pour la vie", ici ils sont juste extrêmement chers.
     Non satisfait d'être cher, le lait, ici et comme dans beaucoup de pays autres que la France, se conserve très mal... vraiment très très mal. Il y a quelques jours, j'ai voulu être prévoyant et acheter une brique de lait en plus afin de reproduire ce que j'ai fait en France durant tant d'années, c'est à dire une réserve de lait. Et bien au combien grande fut ma surprise lorsqu'au moment fatidique de l'ouverture de la brique il me sembla plus avoir prit une faisselle que du lait liquide.
     Mais il n'y a pas que le lait qui change du pays du coq, il y a aussi le fromage. Et le fromage, là ça commence à devenir gênant. Pour ceux qui me connaissent un peu, vous savez sans doute que je suis amateur de fromage et tout particulièrement de comté, mais pas de n'importe quel comté, de vieux comté. Du comté tellement vieux qu'il commence à avoir ses premières dents. En résumé : du comté déjà pas mal cher en France. Vous vous doutez de la suite... C'est encore pire, ici il n'y a presque pas de comté et quand il y en a il est, encore une fois, excessivement cher. Pour vous donné une idée, l'autre jour mon colocataire en a trouvé et en a acheté, il a payé la modique somme de 12 pièces pour 200g, soit 60 pièces le kilo...

     Vous l'aurez donc compris, ici un repas français est un repas pour célébrer quelque chose. En revanche, si les québécois peuvent faire des repas français pour les grandes occasions, je me demande si ils ne se font pas avoir de temps à autres. Pourquoi donc ? L'autre jour, à l'issue d'un cours de communication, un ami (français lui aussi) parlait avec ses coéquipiers de la tartiflette, jusqu'ici tout allait bien. Enfin tout ça se fut avant l'intervention de mon professeur qui répondit à la question "qu'est-ce que c'est ?". Je pense que les savoyards ont du sentir la terre trembler tant leurs aïeux se sont retournés dans leur tombe car la réponse qui fut donnée ne fut nulle autre que "c'est une sorte de pizza...". Je n'ai même pas pu entendre la fin de la phrase, le choc causé par ces premiers mots m'ayant complètement assommé.
     Tout de même, maintenant que j'ai pris un peu de recul sur cette aventure douloureuse, je me demande qui lui a fait goûter la tartiflette ou bien quel restaurant a pu lui servir un tel met, parce qu'il faut urgemment que je n'y aille pas. Enfin je me suis consolé avec une poutine, ce fameux plat local qui n'a rien à envié au plus calorique des plats savoyards, et croyez moi, même si ça fait un choc au début, on fini par apprécier. C'est sans doute ça que l'on appelle l'intégration.

     Et c'est sur cette belle morale que je vais vous laisser afin d'aller quérir de la pâte feuilletée... Ah non, ça non plus ça n'existe pas ici, il ne fait pas non plus bon d'aimer la quiche lorraine... On est reparti pour une poutine en chantant très fort : "Gens du pays, c'est votre tour de vous laisser parler d'amour."