mardi 24 septembre 2013

Les traductions

     Si en France on utilise de plus en plus de mots anglais et spécialement dans certains domaines comme le management (en voilà un bel exemple) ou l'informatique, au Québec il est fortement conseillé d'utiliser des mots français, et j'ai même envie de vous dire qu'il est obligé d'utiliser des mots français. Et oui, obligés, car, même si ça peut être étonnant pour un français, il y a une loi qui l'oblige et cette loi est connue sous le nom de loi 101.

     Pour planter un peu le décor, je tiens à rappeler que les francophones sont une minorité au Canada. En effet ils sont au nombre d'environ 8 millions sur les 30 millions d'habitants que compte le pays, soit environ 26%. On peut se dire que c'est pas mal sauf qu'il ne faut pas oublier qu'à côté il y a les États-Unis et qu'au final le Québec se trouve être le dernier bastion de la langue française dans toute l'Amérique du Nord. On peut donc commencer à comprendre pourquoi ce peuple est tant attaché à sa langue, attaché au point de rédiger des lois dans le but de la protéger. Le français c'est un peu (et même beaucoup) leur identité.

     Mais depuis le début je cite cette loi, j'explique quelle peut être sa raison d'être, mais je n'ai pas encore dit un seul mot au sujet de son contenu concret. Dans les grosses lignes, ce texte donne à chaque personne étant sur le territoire québécois le droit de communiquer en français et ce quelque soit le contexte. Et là ou ça devient drôle c'est que cela inclut de pouvoir être servi en français dans tous les endroits où l'on peut être consommateur.
     Donnons un exemple, si je vais au cinéma je vais payer pour un voir un film, je vais donc être consommateur. La loi 101 me donne donc le droit d'être servi entièrement en français. Mais vraiment entièrement. Jusque dans le titre du film... Et c'est ainsi que l'on se retrouve avec les "Tuer Bill", "Rapide et Dangereux" et autre "Commando des Bâtards". On peut se dire que c'est bien de vouloir conserver la langue française, mais parfois c'est vraiment triste...

      Et les traductions basiques de l'anglais n'ont pas apporté que des titres bizarres, elles ont aussi rapporté leur lot d'expressions étranges et singulières au Québec. Ainsi le "shopping" devient le "magasinage", l'expression "good morning" est traduite par "bon matin" et là où les anglophones disent "the point is..." dans le sens "ce que je dis c'est que..." ou "l'idée c'est que...", les québécois diront simplement "le point c'est...". Croyez moi sur parole, ça peut être déroutant au début, mais une fois qu'on a compris la logique ça devient amusant de chercher l'expression anglaise qui a été traduite.

     La loi 101 est aussi visible dans les enseignes des boutiques. J'ai ainsi pu voir la subtilité des Starbucks coffee qui, ici même, apparaissent comme "Caffé Starbucks Coffee". Et c'est très bien joué de leur part, ils économisent 9 lettres en néon, de l'espace sur leur façade, de l’énergie, et tout le monde y trouve son compte.
     Mais ça ne s'arrête pas là, car à l'intérieur des fast food aussi on peut voir la patte de l'article. L'exemple le plus marquant est McDonald, ici prononcé "MecDonald", chez qui le fameux "Quarter pounder with cheese", appelé "le Royal Cheese" en europe, rapport au système métrique (voir Fiction Pulpeuse pour plus d'information), est rebaptisé le "Quart de livre avec fromage"...

     Malgré tout, la palme d'or de la traduction abusive est décernée à l'enseigne KFC (Kentucky's Fried Chicken) qui devient spécialement pour l'occasion "PFK" (Poulet Fris du Kentucky). Mais rassurez-vous, toutes les marques n'ont pas changé de nom, The North Face n'est pas devenu "La Face Nord" ou encore DC Shoes ne s'est pas transformé en DC Chaussures qui ressemblerait à un "Besson Chaussure" ou autre enseigne de grande distribution de savates.

     Vous êtes maintenant introduit à ce fumeux concept qu'est la loi 101, et n'oubliez pas que si la préservation de la langue française est un combat honorable, le conservatisme poussé à l’extrême est rarement une bonne chose.
     Sur ce je vous dis à tantôt pour de nouvelles aventures chocolatées en tabarnak !

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